Guerre dans l’Est de la RDC : AFEM dénonce les violations massives des droits humains

L’Association des Femmes des Médias (AFEM) tire la sonnette d’alarme sur les graves violations des droits humains commises dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, en pleine guerre entre les forces loyalistes et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda.
Dans un communiqué de presse rendu public ce jeudi 13 février 2025 et dont copie est parvenue à Estnews.info, les femmes de médias dénoncent ces agressions et appellent à une action immédiate pour protéger les populations civiles.
Selon les Nations Unies, au moins 3 000 personnes ont été tuées et 2 800 autres blessées depuis le début de l’année. Parmi les victimes figurent de nombreux civils, pris au piège des tirs croisés et des bombardements dans des zones densément peuplées.
La ville de Goma, sous occupation du M23 depuis le 26 janvier, est aujourd’hui l’épicentre d’une tragédie où les corps s’amoncellent dans les rues et où les morgues sont débordées.
Le climat sécuritaire s’est encore détérioré après l’assassinat du Général-Major Peter Chirimwami, le 23 janvier, près de la ligne de front de Mubambiro. Cet événement a marqué un tournant dans l’offensive rebelle, facilitant leur progression jusqu’à Goma, malgré la résistance des FARDC et des réservistes Wazalendo.
Les affrontements urbains ont entraîné des bombardements meurtriers sur des quartiers densément peuplés, dont Kahembe, Mugunga et Rusayo. Une maternité a été touchée, causant la mort de plusieurs femmes et nourrissons. AFEM qualifie ces attaques de crimes de guerre et demande l’ouverture d’enquêtes internationales.
Le démantèlement des camps de déplacés a aggravé la crise humanitaire, laissant des milliers de personnes sans refuge. Des femmes et des enfants figurent parmi les nombreuses victimes de tirs indiscriminés alors qu’ils tentaient de fuir.
Les conditions de vie des survivants sont catastrophiques, marquées par une absence d’eau et d’électricité. Plusieurs malades sous oxygène et des nourrissons en couveuse ont perdu la vie faute de soins.
L’isolement de Goma accentue encore les souffrances de la population. La fermeture de l’aéroport et le blocage de la Route Nationale N°2 rendent l’acheminement de l’aide humanitaire quasi impossible. La ville est confrontée à une grave pénurie de nourriture et de médicaments, alors que la situation sécuritaire se détériore.
Dans le Sud-Kivu, les combats se sont étendus, et le M23 contrôle désormais plusieurs localités stratégiques, dont Nyabibwe et Minova. À Kalehe, les affrontements ont poussé de nombreux habitants à fuir. Des pillages ont été signalés à Kabare et Kavumu, tandis que des militaires congolais en déroute sont accusés de violences contre les civils.
Si les rebelles sont principalement pointés du doigt, certains éléments incontrôlés des FARDC et des Wazalendo sont également mis en cause. À Goma, des soldats auraient mené des raids meurtriers dans plusieurs quartiers. À Kashusha, une jeune fille de 17 ans a été grièvement blessée après avoir refusé des rapports sexuels forcés.
L’évasion massive de la prison de Munzenze a libéré environ 4 400 détenus, parmi lesquels des criminels notoires. Une partie de l’établissement a été incendiée, causant la mort de 163 femmes et 25 enfants. AFEM s’inquiète d’une recrudescence de la criminalité et exhorte les autorités à restaurer l’ordre.
Face à cette situation dramatique, AFEM dénonce l’inaction de la communauté internationale. Malgré les efforts diplomatiques de la SADC et de la CAE, les combats se poursuivent.
L’organisation appelle l’Union Africaine et l’Union Européenne à prendre des sanctions contre le Rwanda et à exiger le retrait de ses troupes du territoire congolais. Elle exhorte également la Cour Pénale Internationale à ouvrir des enquêtes sur les crimes commis.
Dans son communiqué, AFEM insiste sur l’urgence de mesures concrètes pour protéger la population. L’organisation demande au gouvernement congolais de sécuriser les civils et de mettre fin à la prolifération des armes incontrôlées. Elle plaide aussi pour l’ouverture d’un corridor humanitaire afin de permettre l’acheminement de l’aide aux populations en détresse.
Enfin, AFEM lance un appel à la mobilisation générale pour la défense des droits humains. Les organisations humanitaires et les défenseurs des droits fondamentaux sont appelés à intensifier leurs actions pour soutenir les victimes et documenter les exactions commises.
La RDC, meurtrie par des décennies de conflits, ne peut rester indéfiniment un champ de bataille, conclut l’AFEM dans son communiqué.
Pascal Mushiarhamina